lundi 17 février 2014

Mauvais genre

Mauvais genre de Chloé Cruchaudet

D’après la garçonne et l’assassin de V Virgili et D Voldman
Roman graphique, 160 p, Delcourt/mirages

Quatrième de couverture : Paul et Louise s’aiment, Paul et Louise se marient, mais la Première Guerre mondiale éclate et les sépare. Paul, qui veut à tout prix échapper à l’enfer des tranchées, devient déserteur et retrouve Louise à Paris. Il est sain et sauf, mais condamné à rester caché dans une chambre d’hôtel. Pour mettre fin à sa clandestinité, Paul imagine alors une solution : changer d’identité. Désormais il se fera appeler… Suzanne. Entre confusion des genres et traumatismes de guerre, le couple va alors connaître un destin hors norme.

Inspiré de faits réels, Mauvais Genre est l’étonnante histoire de Louise et de son mari travesti qui se sont aimés et déchirés dans le Paris des Années folles.

Mon avis : J’ai entendu parler de ce roman graphique lors du festival d’Angoulême que j’ai suivi de loin. Puis, il y a quelques jours je suis tombée sur la très jolie couverture dans une librairie. Intriguée par le sujet et la manière de le traiter je me suis laissée tenter. Mauvais genre est à la fois prenant et troublant.

Les couleurs : noir, gris, blanc, bleu foncé donnent le ton du livre. La seule couleur vive est le rouge que l’on trouve tout du long : de la jupe de Louise au bal, au pantalon de paul dans les tranchées, à la robe de Suzanne, jusqu’à la scène de la fin. Le rouge : couleur de l’amour, de la passion, de la séduction, de la colère et du sang.

Le dessin reflète bien l’histoire : le trait peut se faire fin, féminin et séduisant ou trouble et angoissant. Il y a de très beaux portraits de Louise et de Suzanne comme des dessins assez terribles liés à la guerre : certains passages sont assez violents d’ailleurs.

L’histoire s’ouvre sur un jugement au tribunal où l’on raconte l’histoire de Louise et de Paul. Leur rencontre au bal, le mariage puis la guerre qui les sépare. Une guerre qui détruit tout : les corps comme les esprits. Paul se mutile pour fuir ces horreurs mais quand on lui ordonne de retourner sur le champ de bataille, il refuse et se cache à Paris avec Louise. Coincé dans sa chambre d’hôtel Paul devient irritable, énervé et hanté par la guerre. Louise tente difficilement de les faire vivre avec sa paie de couturière. Paul boit. Ils se disputent. Finalement Paul enfile une robe, un chapeau et sort. C’est la liberté. C’est à ce moment là, qu’apparait Suzanne. Et de ce simple rôle né un véritable personnage remplit de séduction qui attire les gens. Paul travail alors un temps comme petite main avec Louise mais Suzanne a des envies de grandeur et devient une vraie vedette dans la nuit au milieu des bois…

Paul a un caractère difficile. Il est violent, colérique, marqué par la guerre et a un large penchant pour l’alcool. Il rabaisse Louise. Suzanne et lui finissent par ne faire plus qu’un. Sous ses traits il devient une autre : la question du genre est vraiment posée et traitée. Ainsi que les préjugés qui peuvent parfois aller avec. Il faut bien séparé le travestissement et la part sombre de Paul causée par la guerre car même s'ils se superposent dans sa vie, seule la guerre et l'alcool amènent la fin tragique. 
Louise est un personnage plus effacée. Elle tente de subvenir aux besoins du couple et de soutenir Paul dans les moments difficiles. Mais elle n’est pas épargnée par cette vie non plus.

La fin, même si on comprend certains éléments et que l’auteur nous donne quelques pistes, reste plus ou moins une surprise. Emotion, troubles, violences, tristesse, angoisse sont très bien retranscrits. Et l’histoire se termine là où on avait commençait.

Ce roman graphique nous livre une histoire sombre, complexe, troublante et tragique avec beaucoup d’émotion et de justesse. Les personnages sont malmenés par la vie et ne nous laissent pas indifférents. 


Personnellement, je ne lirai pas le roman connaissant à présent l’histoire (et même, je ne l’aurais pas lu). C’est vraiment la Bd qui m’a permise de découvrir cette histoire. J’ai toujours trouvé que bande-dessinée/ roman graphique/ manga ont la faculté d’aborder toute sorte de sujets et très souvent d’une manière très juste grâce aux images et aux dialogues.

1 commentaire:

  1. J'ai adoré cette Bd !!
    Je l'ai trouvé... comment dire... unique. En fait le sujet & la façon dont il est traité font que tout le monde devrait essayer de la lire, elle est vraiment belle.

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